Nous portons ce trésor dans des vases de terre afin que cette puissance extraordinaire soit attribuée à Dieu, et non à nous. Nous sommes pressés de toutes parts, mais non écrasés; inquiets, mais non désespérés; persécutés, mais non abandonnés; abattus, mais non anéantis. Nous portons toujours avec nous dans notre corps l’agonie du [Seigneur] Jésus afin que la vie de Jésus soit aussi manifestée dans notre corps.
2 Corinthiens 4,7-10
Il y a des années, où le temps de la Passion exigeait de nous de surmonter l’optimisme culturel si répandu et le faux sentiment de bien-être, afin de voir le monde tel qu’il est réellement du point de vue des pauvres et des marginalisés. Certaines années, nous devions faire un effort, pour laisser la dure réalité se rapprocher de nous, pour qu’en embrassant la Résurrection nous comprenions que cela n’a de sens que sur l’arrière-fond du pouvoir réel de la mort qui détruit les vrais corps humains et qui mutile les âmes véritables et qui pose un véritable danger pour notre planète.
Probablement nous sommes d’accord pour admettre que cette année-ci est différente. Ceci est un moment à la fois inéquivoque et déconcertant de l’histoire du monde, où le pouvoir de la mort, la destruction, le racisme, le sexisme, la violence, la pauvreté, l’expulsion des gens et la destruction de l’environnement sont ressentis par presque tout le monde et en tout temps. Nous faisons face à des crises humanitaires et écologiques sans précédents. Les anciens paradigmes et vieilles conceptions ne nous donnent pas de réponses et semblent faire partie du problème.
Dans mon ministère comme Secrétaire Général de la CMER en accord avec le Président Jerry Pillay, mes autres collègues, les membres du bureau, du Comité exécutif et des Conseils des régions j’ai expliqué que la grande majorité de nos églises membres se situent sur la cruelle ligne de coupe de cette réalité turbulente. Ainsi nous n’avons pas besoin de faire un effort, pour nous rappeler la souffrance des pauvres et des marginalisés ou pour que notre confiance envers les droits de l’Homme et la Justice soient ébranlés, en ce temps de Carême Nous sommes confrontés, chaque jour, à ces réalités à grande échelle.
Mes derniers voyages m’ont conduit en Inde, en Colombie, au Nigeria, à Taiwan et au Liban. En beaucoup d’endroits la réalité des corps violemment rompus était évidente. Dans notre corps nous portons la souffrance des victimes de la violence, telles que Jésus en fut une. Les femmes deviennent victimes de violence sexuelle. La pauvreté et la faim causent des ravages incroyables. Différentes forces chassent les gens de leurs maisons et de leurs pays. La vérité que nous révèle la foi, c’est le simple fait que nos églises sont profondément enracinées dans la réalité de ce monde. La situation actuelle est scandaleuse et de maintes façons insupportable.
Ici, à Hanovre, en Allemagne, j’ai un collaborateur qui m’incite toujours à écrire quelque chose d’encourageant et plein d’espoir. Et bien sûr, la grande richesse que représentent mes voyages et l’accompagnement de nos églises membres en ces temps, c’est qu’il n’y a plus de distance ou d’écart entre la compréhension de la réalité de la mort que « nous portons toujours avec nous dans notre corps » à cause de la mort de Jésus, comme l’écrit l’apôtre Paul – Et ceci est bien la réalité de notre époque qui témoigne de « cette puissance extraordinaire attribuée à Dieu, et non à nous. »
Le puissant témoignage de nos églises dans leur contexte spécifique consiste en ce qu’elles vivent complètement et sans failles la vérité évangélique de 2 Corinthiens 4 :
« Nous sommes pressés de toutes parts, néanmoins nous ne sommes pas écrasés;
Inquiets, néanmoins pas désespérés;
Persécutés, néanmoins nous ne sommes pas abandonnés;
Abattus, néanmoins pas anéantis. »
Nous voyons dans la vie et le témoignage de notre église la forte et dure réalité, qu’alors que nous embrassons la réalité de la souffrance et des corps rompus des pauvres et marginalisés, des peuple souffrants et de notre monde qui souffre, nous embrassons en même temps la mort de Jésus, et en faisant ceci, c’est aussi la vie de Jésus qui devient visible en nous.
La puissante vérité de ce temps de la Passion c’est que Dieu nous donne l’espoir en cadeau, alors même que nous sommes face à face avec le pêché et la mort et que nous portons en nous les corps rompus et la mort d ceux qui souffrent. Néanmoins la « puissance extraordinaire » de Dieu et la vie de Jésus deviennent aussi vraies et visibles à travers nous..
Chaque visite auprès de communautés affligées par le militarisme, la violence « au nom de la religion », la violence destructrice envers les femmes révèle cette vérité inébranlable que notre foi signifie que nous percevons la réalité et que néanmoins nous recevons aussi l’espoir en cadeau. Nous portons avec courage les corps rompus par la mort et révélons aussi la vie de Jésus.
Nous sommes en train de préparer ensemble notre Assemblée Générale, fin juin de cette année, à Leipzig, en Allemagne. Nous avons recours aux riches et profondes traditions de la Réforme protestante d’il y a plus de 500 ans. C’est vers cette « puissance extraordinaire » de Dieu que nous nous tournons et c’est avec les mots de prière qui sont le thème de notre Assemblée Générale que nous nous exclamons : « Dieu vivant, renouvelle et transforme-nous » afin que la vie de Jésus, la vie du monde se manifestent dans nos corps.
Chris Ferguson
Secrétaire Général