Posted on septembre 27, 2019 by Phil Tanis
Entretien du Conseil oecuménique des Eglises
Ceci est la deuxième d’une série d’interviews d’ambassadeurs des Jeudis en noir, qui jouent un rôle vital pour amplifier l’impact de notre appel collectif pour un monde sans viol et sans violence.
Le pasteur Chris Ferguson est le secrétaire général de la Communion mondiale des Églises réformées.
Pourquoi avez-vous décidé de rejoindre les Jeudis en noir ?
Pasteur Ferguson: La Communion mondiale des Églises réformées a déterminé avec beaucoup de force de situer la violence envers les femmes au premier plan de ce qui va à l’encontre de la volonté de Dieu. Les personnes ne devraient pas être discriminées, et encore moins blessées, détruites ou violentées à cause de leur genre. Il est impossible de suivre le Dieu de la vie si on tolère ou se rend complice de quelque manière que ce soit de la violence envers les femmes par le biais de nos théologies ou de nos actions. La théologie chrétienne a été utilisée pour créer les conditions mêmes qui ont permis de justifier et de soutenir la violence et la discrimination, directes et indirectes, à l’encontre des femmes.
Notre communauté de foi croit qu’il y a un impératif spécial à ne pas permettre à notre théologie et à nos pratiques ecclésiales d’autoriser une quelconque forme de violence, y compris la violence de l’exclusion et de la suprématie qui affirme que les hommes sont plus importants que les femmes. Nos théologies sont pleines d’interprétations bibliques que je crois opposées à la violence de genre. Cependant, notre histoire s’est déroulée autrement. Nous réfléchissons beaucoup, par exemple, aux questions liées à la pleine inclusion des femmes dans le ministère et ne pas autoriser l’ordination des femmes est pour nous aussi une forme de violence.
Une autre réponse à votre question tient plus à mon ministère. Entre l’époque où je travaillais avec des jeunes, celle où j’ai été missionnaire en Amérique centrale dans le contexte de trois guerres civiles, et mon travail comme aumônier sur un campus, j’ai tout vu, du viol comme arme de guerre à la prévention du suicide. Ces expériences m’ont appris que les femmes et les filles sont particulièrement vulnérables à la violence.
Une troisième réponse est que je suis le père d’une fille et que, à travers son expérience, j’ai été directement sensibilisé à cette question.
Ainsi, je parle en tant que parent, que pasteur, et que leader d’une organisation chrétienne mondiale, et tout cela avec mes convictions personnelles et ma spiritualité propre.
L’un des domaines où notre monde est le plus désorienté est celui de ces théories de la suprématie et leur justification par la religion qui attaque particulièrement les femmes. Et cela empire, il n’y a pas d’amélioration en ce qui concerne la manière dont le genre est utilisé comme une arme. Nous avons l’impératif de confesser le Dieu de la vie dans un monde déchu au milieu de voleurs. Nous voulons donc que chacun se réveille et se dise chaque jour dans le cadre de sa spiritualité chrétienne « le monde n’est pas comme Dieu veut qu’il le soit, et il peut et doit être changé ».
Tous les jeudis, vous faites une déclaration publique sur les médias sociaux en soutien aux Jeudis en noir, qu’est-ce que cela représente pour vous ?
Pasteur Ferguson: Le jeudi, je m’habille, j’adopte une attitude qui me rappelle toute la semaine que j’ai une responsabilité, non seulement dans mes actions et l’exercice de mes fonctions, mais liée aux implications sociales et politiques de mon rôle de leader chrétien. Je comprends le rôle de l’ambassadeur comme celui d’un modèle qui appelle les personnes à rejoindre activement le mouvement, et à comprendre qu’il ne leur suffit pas de porter du noir. Comme homme blanc d’un certain âge, je participe en portant du noir et je soutiens ce que les autres font. Mais cela ne suffit pas, si les hommes ne jouent pas un rôle actif. La transformation viendra – et elle a commencé sous la direction des femmes – mais nous devons être des alliés fermes et résolus.
Si vous regardez mes posts, qui sont très brefs, ils portent toujours sur ce que nous défendons : nous voulons un monde où les femmes et les enfants vivront sans violence. Nous voulons un monde libéré de la violence. Alors je trouve que c’est un moment très dynamisant chaque jeudi, et je me sens rempli à nouveau de détermination, car c’est quelque chose que nous pouvons faire et à quoi nous devons nous consacrer.
Quel est votre premier message à l’adresse de ceux qui ne sont pas encore engagés dans les Jeudis en noir ?
Pasteur Ferguson:Les femmes sont systématiquement victimes d’abus et violentées, et cela participe d’une structure marquée par le péché, le mal et l’injustice. On ne peut y échapper. Peu peuvent se vanter de vraiment considérer les femmes avec équité, ainsi il y a toujours le pouvoir, et la violence économique.
C’est pourquoi la première chose que je dis est «réveillez-vous et voyez le monde tel qu’il est». Dieu nous a tous créés égaux mais il n’y a pas un seul lieu où cela se réalise. Je ne connais pas une seule Église qui fait ce qu’elle devrait, je ne connais pas un seul gouvernement qui fait ce qu’il devrait. Je trouve que ce problème fondamental de la violence à l’encontre des femmes est franchement banalisé, ou alors il devient un sujet de discussion à la télévision. Il ne s’agit pas d’en parler à la télévision, il s’agit d’une des plus fondamentales erreurs de la famille humaine, et cela est choquant, c’est scandaleux, et cela ne peut pas être. Voyez-le de différentes perspectives : soyez un parent devant cette question, soyez une sœur, soyez un frère pour votre sœur, soyez une personne qui défend la vie et la justice.
Pour en savoir plus sur les ambassadeurs des Jeudis en noir, vous pouvez contacter media@wcc-coe.org.
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