Posted on octobre 8, 2020 by Phil Tanis
Une table ronde a regroupé des expert-e-s de différentes confessions s’exprimant sur l’annulation de la dette et les réparations comme outils de promotion de la justice, de la durabilité et d’une économie qui affirme la vie dans le cadre du troisième webinaire public de l’année de l’École œcuménique de gouvernance, d’économie et de gestion, organisé le 2 octobre dernier.
Le webinaire a abordé les perspectives religieuses relatives à la dette, la manière dont les structures financières peuvent être alignées sur les valeurs spirituelles et le caractère fondamental de l’annulation de la dette et des réparations pour la promotion de la justice.
«Le sentiment est que les réparations sont un éthos nécessaire au sein du concert des nations. La fierté de l’argent doit évoluer vers une fierté similaire de responsabilité assumée face aux questions soulevées par l’accumulation de cet argent», déclare Jahlani Niaah, coauteur de Let Us Start with Africa: Foundations of Rastafari Scholarship (non traduit).
Yusuf Jha, auteur du livre The Way of Return: Responding to Economic and Environmental Injustice Through the Wisdom Teachings of Islam, (non traduit), a proposé une rétrospective historique de «l’argent», révélant qu’avant l’apparition des pièces de monnaie, «être endetté était en fait une manière de coopérer et d’entretenir des relations. Lorsqu’une personne garde son argent pour soi, elle favorise un paradigme destructeur tant pour elle-même que pour l’environnement au sens large».
«Les fidèles musulmans ont imaginé un lieu d’échange véritablement libre. Ils ont pris leur prophète au sérieux et n’étaient pas motivés par l’appât du gain», poursuit-il.
David Krantz, cofondateur, président et président du conseil d’administration d’Aytzim: Ecological Judaism, a brossé les grandes lignes ce qu’il appelle l’«économie casher», dont relève le concept de congé sabbatique (Schmita) tous les sept ans — un temps de repos loin du travail et de la terre — et de jubilé tous les cinquante ans (Yovel)— une libération du travail, de l’esclavage et de l’endettement.
«Le système capitaliste est loin d’être parfait et a besoin d’équilibre», précise-t-il. «L’une des manières de le faire, selon la Bible hébraïque, est de redistribuer le capital. Imaginez un système qui se remette à zéro tous les cinquante ans.»
Karen Georgia Thompson, pasteure principale adjointe et coresponsable exécutive des ministères mondiaux de l’Église unie du Christ, a cité 1 Corinthien 12: «Nous enseignons que si un membre du corps souffre, tout le corps souffre et pourtant, au sein de ce corps, nous voyons les maltraitances historiques faites aux corps africains et d’ascendance africaine. Le mouvement de réparation est un appel à une relation juste et à l’unicité de tout ce que Dieu a créé.»
Pour ce qui est de progresser vers des économies justes, la pasteure Thompson précise: «L’Église a un rôle à jouer dans la demande de réparation, et elle doit prendre la tête de ce mouvement.»
«Les réparations doivent reposer sur un investissement dans l’être humain et la rectification des torts liés au travail des Africain-e-s comme esclaves, les privant de leur vie et de leur liberté au profit des gains pécuniaires des Européen-ne-s», dit-elle.
«Nous avons le choix: le commerce peut être perçu comme une forme de coopération ou comme une forme d’inimitié et de séparation», reprend M. Jha. «Nous devons porter notre concours aux institutions qui soutiennent la collaboration, l’unité et la coopération.»
«Les organismes internationaux de financement devront opérer une décolonisation et cesser de perpétuer des activités néocoloniales. Une finance juste n’est pas juste de la finance. Il s’agit d’impartialité, d’équité, de confiance et d’honnêteté — voici que nous aimerions voir progresser», ajoute M. Niaah.
L’École œcuménique de gouvernance, d’économie et de gestion (GEM) est une initiative conjointe du Conseil pour la mission mondiale, de la Fédération luthérienne mondiale, de la Communion mondiale d’Églises réformées et du Conseil œcuménique des Églises. Son objectif est d’améliorer les connaissances en économie au sein des Églises en dotant les participant-e-s des outils et stratégies de communication leur permettant de défendre efficacement les transformations urgentes requises dans la sphère économique et financière mondiale.
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