Posted on mars 16, 2015 by WCRCadmin
L’église réformée en Transcarpatie a dû faire face à des temps difficiles, tout au long de son histoire. Aujourd’hui, elle se trouve en une situation doublement minoritaire en tant qu’église protestante dans un pays à majorité orthodoxe et en tant que communauté hongroise dans une nation slave.
Alors que la part ukrainienne des Carpates se situe tout à fait à l’Ouest de l’Ukraine entre la Slovaquie, la Hongrie et la Roumanie, la guerre qui a lieu dans la lointaine région orientale du pays cause beaucoup de problèmes. Le manque de carburant, l’inflation et la négligence du gouvernement (mis à part l’application du service militaire) ne sont que trois des problèmes que crée le conflit.
La réalité est bien triste, surtout en ce weekend enneigé, alors qu’une délégation de CMER-Europe est venue en visite officielle, fin janvier. Mais ce que la délégation a pu voir à Beregszász (Berehove) et à Dercen (Dertsen) c’était une église qui intervient pour boucher les trous qui percent le tissu de la société.
« Nous avons rencontré une église vivante, » dit Jan-Gerd Heetderks, président de CMER-Europe. « On y a un regard pour les traditions bibliques et la foi mais aussi pour les circonstances sociales actuelles »
« Le plus impressionnant, c’est leur fidélité au sein des circonstances dans lesquelles ils vivent, » remarque Susan Brown de l’Eglise d’Ecosse. « Cela vous laisse voir les choses dans votre propre vie d’église de manière différente. Nous connaissons le luxe de pouvoir choisir entre ce que nous voulons ou ne voulons pas faire. Eux, n’ont pas le choix. Ce qu’ils ne font pas, ne sera jamais fait. »
Ce que fait l’église est très varié. L’approvisionnement en nourriture, la direction d’écoles, la distribution de biens offerts, l’acquisition d’équipement pour l’hopital et même, dans un village, l’établissement d’un service de pompiers volontaires.
« Nous sommes réellement fiers et bénis de pouvoir donner quelque chose aux autres, » explique l’évêque Sándor Zán Fábián. « Pour un pasteur, le meilleur c’est de servir ici. »
Chacune des 108 communautés est à la foi un lieu de culte et un endroit de soins. L’église compte 70 000 membres et chacun des anciens s’occupe d’une centaine de personnes qu’il visite aussi souvent que possible pour mieux connaitre les besoins spécifiques. Les anciens font ensuite appel au bureau de coordination diaconale ou à un des centres diaconaux régionaux pour fournir l’aide nécessaire, que ce soit du pain frais, des vêtements peu usés ou du bois pour chauffer.
Le Bureau de Coordination Diaconal (BCD) est dirigé par Béla Nagy qui est en même temps le président laïc de l’église. Sa boulangerie livre 45 000 pains par an. Près de 40 000 repas sont distribués annuellement à environ 200 personnes chaque jour de la semaine. La moitié de ces repas sont distribués dans un cadre œcuménique avec l’église catholique romaine.
Les familles qui ont perdu leurs homes à cause du service militaire reçoivent une aide supplémentaire. Le gouvernement, à l’origine, avait demandé à l’église de payer pour l’équipement des soldats recrutés. L’église refusa, proposant, au lieu de cela, d’aider les familles tant qu’ils étaient partis.
Presque chaque mois, il y a une livraison de dons qui arrive. Le BCD s’occupe du dédouanement et surveille ensuite la distribution des biens, soit directement, soit à travers un établissement local.
L’hôpital public à Beregszász est un tel établissement qui est aidé régulièrement. Le gouvernement est à peine en mesure de pourvoir aux dépenses courantes de l’hôpital, si bien que l’achat d’équipement nouveau et même l’entretien est hors de question. Grâce à ses contacts avec l’Eglise Réformée de Hongrie et avec d’autres partenaires à l’étranger, dont le gouvernement hongrois, l’église est capable de recevoir une aide financière ainsi que du matériel gratuit.
« Il n’y a que très peu ou presqu’aucune assistance sociale de la part du gouvernement,” dit l’évêque Nagy. « Notre aide est offerte quelle que soit l’appartenance religieuse. Il n’a que le besoin qui compte. »
En plus de l’assistance qui aide à couvrir les besoins essentiels des gens, l’église s’occupe aussi d’un centre pour enfants handicapés, d’un accueil d’urgence pour les jeunes mères et un service de pompiers volontaires à Dercen.
Dès le début de son ministère à Dercen, le pasteur Miklós Zsukovszky s’est rendu compte du besoin d’une protection contre les incendies et commença à établir un service de pompiers volontaires. Le gouvernement régional se trouvant dans l’incapacité de faire face à toute une série de désastres naturels, dont quelques sévères inondations, le pasteur fit appel á son église pour combler la brèche.
« On ne peut pas avoir une vie d’église sans aider les pauvres et les plus vulnérables », dit-il, « et les plus vulnérables étaient ceux qui furent le plus touchés par les inondations et le plus menacés par les incendies. Il a fallu de nombreuses années pour que cette vision soit mise en œuvre. »
En fin de compte, du matériel usagé est venu de Hongrie, d’Allemagne et des Pays Bas. Aujourd’hui les pompiers volontaires servent une population de 12 000 habitants à Dercen et ses environs.
Alors qu’elle investit beaucoup d’efforts à remplir les besoins en assistance sociale, l’église réformée de Transcarpatie joue aussi son rôle d’église avec ses paroisses de fidèles. Elle a de fortes organisations de femmes et de jeunes. Ces derniers participent avec plus de 2 500 étudiants aux manifestations, au cours de l’année. Il y a régulièrement des cours pour les anciens et les diacres. Les futurs pasteurs reçoivent un enseignement préparatoire avant de commencer leurs études. Une rencontre pour les familles réunit 6 000 personnes. Il est évident que dans cette partie de l’Europe on ne peut pas parler d’une ère postchrétienne.
« Comme chrétiens croyants nous devons confesser notre foi chaque jour devant les gens qui vivent à côte de nous. » déclare l’évêque Zán Fábián.
Le travail de l’église continue malgré tous les défis. La guerre a eu un effet désastreux sur l’économie avec l’inflation qui a réduit de moitié le pouvoir d’achat, l’an dernier. Les systèmes d’aide sociale et de santé en difficulté et la guerre elle-même créent de grandes incertitudes.
L’église survit grâce aux dons de ses membres et d’organisations à l’étranger, sans aucune aide de l’état. Tout ceci ne rend pas facile la tâche de garder les enseignants dans les écoles et les églises. Même les pasteurs sont à la recherche de possibilités à l’étranger.
« Il n’y a pas beaucoup d’organisations qui viennent chez nous, parce que ce n’est pas assez exotique. Nous devons donc prier, afin de rester fidèles dans cette situation et de ne pas oublier, que c’est Dieu qui a le pouvoir sur nos vies. » dit l’évêque.
L’église ne fut officiellement reconnue qu’en 1991, ainsi « nous pourrions dire, que nous sommes une jeune communauté, » dit Zán Fábian. Un an an plus tard, l’état a rendu à l’’église 60% de la propriété qui lui fut confisqué pendant l’ère soviétique. De nombreux immeubles étaient en mauvaise condition et les terres qui y étaient rattachées ne furent pas restituées.
Pendent l’ère soviétique les dirigeants de l’église furent déportés ou tués. La délégation de la CMER-Europe se recueillit devant un monument commémoratif en leur honneur, près du siège de l’église à Beregszász.
« Cette visite d’une délégation de haut niveau est très importante pour nous. Elle prouve qu’il y a un support international pour la minorité hongroise –comme peuple et comme religion, » remarqua l’évêque Zán Fábian. « Je suis très heureux d’avoir des sœurs et des frères à l’étranger. »
« Bien qu’elle soit une communauté vulnérable faisant face à d’immenses difficultés et incertitudes, elle a la vision et la pratique d’une communauté de foi au service d’autrui, » affirme Balázs Ódor, un des vice-présidents de la CMER-Europe.
“Il fait partie de notre rôle de nous encourager et de nous aider mutuellement, » ajouta Martina Wasserloos de l’Alliance réformée d’Allemagne et vice-présidente de la CMER-Europe. Lors de sa réunion annuelle, CMER-Europa a décidé de faire un don pour aider cette église à satisfaire ses besoins continus.
L’église en Transcarpatie fait partie de l’Eglise Réformée de Hongrie qui exprime ainsi la communion ecclésiale qui existe entre les églises magyares du bassin der Carpates. Elle est la plus grande église protestante en Ukraine.
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